Abaixo, você lê seis poemas de Arthur Rimbaud (1854-1891). A tradução, feita durante a pandemia, é do poeta e tradutor Rodrigo Garcia Lopes.* Após as traduções, você encontra os poemas originais, em francês.
SENSAÇÃO
Não direi palavra nem pensarei em nada, Março de 1870 |
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NO CABARÉ-VERDE, CINCO DA TARDE Oitavo dia já, as botinas detonadas Feliz da vida, estico as pernas sob a mesa — Não é dessas que se assustam com um selinho — O presunto é rosado e branco, o qual perfuma |
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Eu me mandava, os punhos nos bolsos puídos, Minha calça (a única) tinha um grande furo. As ouvia, sentado à beira dos caminhos, |
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É um vazio de verdura aonde canta um rio Soldado jovem, boca aberta, sem chapéu, Pés sobre os gladíolos, dorme. Sorrindo como Os perfumes não fremem as suas narinas; |
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A ETERNIDADE Acharam, veja só. Oh, alma sentinela, Dos sufrágios humanos, Pois só vocês não falham, Lá não tem esperança, Acharam, veja só. |
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A preto, E branco, I rubro, U verde, O azul: vogais, Golfos de sombras; E, vapor de tendas quentes, U, ciclos, vítreas vibrações que o mar regouga, O, Clarim Supremo de estranhos desarranjos, |
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*[nota do tradutor] Essas traduções foram feitas há um ano, em meio à pandemia de covid-19. Tentei respeitar ao máximo os esquemas métricos e rímicos dos originais.
[nota 1]: Rimbaud testemunha o rescaldo da guerra franco-prussiana (1870-1871) em suas caminhadas ao redor de Charleville (França), sua cidade natal.
>> Leia os originais:
SENSATION
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue:
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien:
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Mars 1870
AU CABARET VERT, CINQ HEURES DU SOIR
Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.
– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte: je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. – Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
– Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
MA BOHÉME (FANTASIE)
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot aussi devenait idéal;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées!
Mon unique culotte avait un large trou.
– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!
LE DORMEUR DU VAL
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit: c'est un petit val qui mousse de rayons
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
Nature, berce-le chaudement: il a froid
Les parfums ne font pas frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
L’ETERNITÉ
Elle est retrouvée.
Quoi? – L’Eternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.
Ame sentinelle,
Murmurons l’aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s’exhale
Sans qu’on dise: enfin.
Là pas d’espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi? – L’Eternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.
VOYELLES
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu: voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes:
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d’ombre; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux!